Une Boule qui refroidit
Sous l'atmosphère, comment se comporte le coeur
dégénéré des naines blanches, dont les ions
sont condamnés à se refroidir éternellement jusqu'à
n'être plus que des braises au milieu des cendres célestes?
Le refroidissement procède par phases. Au tout début de
leur jeune existence, au sortir de la phase de nébuleuse planétaire,
l'intérieur des naines blanches est encore chaud : à ces
températures, les photons
se transforment en particules qui se retransforment en photons; ces
réaction produisent des neutrinos. Dans cette première
phase, le refroidissement de la naine blanche est essentiellement dû
à l'échappement des neutrinos, qui emportent une partie
de l'énergie de l'étoile. Cette période est très
courte à l'echelle de la vie d'une étoile (quelques millions
d'années) et l'énergie évacuée par les neutrinos
devient rapidement négligeable. La naine blanche entre alors
dans le stade de refroidissement thermique, analogue au refroidissement
d'une sphère de métal chaude.
Cette seconde phase dure entre quelques millions et
quelques milliards d'années, suivant la masse de l'objet. La
luminosité
diminue proportionnellement à la masse et à la puissance
-7/5 du temps.
L = m x T^-7/5
m, en Kg
T, en secondes
Cette loi résulte du refroidissement d'un réservoir
d'énergie thermique essentiellement due aux ions, irradiée
dans l'espace au travers d'une enveloppe radiative. Au cours de cette
phase, le refroidissement des naines plus massive est plus lent, d'une
part parce qu'une naine massive contient plus d'énergie et d'autre
part, car sa surface de rayonnement est inférieur (une masse
plus grande correspond à un rayon plus petit).
Se produit alors, pour une étoile de 0,6 masse
solaire, un premier évenement majeur : la zone de convection
superficielle qui mélange les éléments atteint
le coeur dégénéré conducteur. Dans un premier
temps, l'évacuation du surplus d'énergie ralentit le refroidissement,
d'où la présence d'un plateau particulièrement
visible sur la courbe de refroidissement de la naine blanche d'une masse
solaire. Puis, la convection transportant la chaleur de manière
bien plus efficace que la radiation, l'énergie interne s'évacue
plus vite. Le réservoir thermique de l'étoile, qui n'est
plus isolé par une enveloppe radiative, se "vide" plus
rapidement, le refroidissement s'accélère.
Deux effets caractérisent l'évolution
d'une étoile : elle refroidit et sa densité augmente.
Le refroidissement diminue l'énergie cinétique des ions,
tandis que l'augmentation de densité augmente leur énergie
d'interaction, inversement proportionnel a leur distance moyenne de
séparation (loi de Coulomb). Lorsque l'énergie l'énergie
d'interaction entre ions dépasse de beaucoup l'énergie
cinétique moyenne, les ions se structurent un un réseau
cristallin rigide et incompressible. Le coeur des naines blanches cristallise.
Cette transition de phase a une conséquence primordiale
sur le refroidissement de l'étoile. de même que la cristallisation
de la glace engendre de l'énergie, la chaleur latente, la cristallisation
de la naine blanche produit une source supplémentaire d'énergie
qui ralentit le refroidissement de l'étoile. Lorsque le coeur
de la naine blanche est constitué de deux éléments
ionisés (carbone et oxygène), le densité entre
le solide et le liquide diffère. On montre alors que le coeur
solide s'enrichit en oxygène à mesure du refroidissement
de l'étoile. De surcroit, cette différence de densité
augmente l'énergie potentielle.
Au final, cette double sourc d'énergie supplémentaire
ralentit le refroidissement de l'étoile : la luminosité
observée stagne quelque temps. Pendant la période qui
suit, le front de cristallisation progresse du centre, où la
pression est plus élevée, vers l'éxterieur. Après
quelques milliards d'années, le coeur de carbone et d'oxygène
(les coeurs d'hélium ne cristallisent pas dans un temps égal
à l'age de l'Univers) est devenu entièrement solide.
Ainsi l'histoire du refroidissement des naine blanches dépend
principalement de leur masse. La séquence des évènements
marquants que sont la cristallisation et l'arrivée de la zone
convective superficielle à la limite du noyauest inversé
dans la naine blanche d'une masse solaire par rapport à celle
de 0,6 masse solaire.
L'analyse de ce refroidissement permet
de dater la Galaxie. il doit se trouver autour de nous de vieilles naines
blanches, nées aves la Galaxie. L'âge de ces objets, qui
est la somme du temps d'évolution de leur précurseur et
de leur temps de refroidissement, sera alors l'âge de la Galaxie.
Pour bien utiliser ces "chronomètres cosmologiques",
le refroidissement, qui dépend de la masse, doit être bien
connu, la masse n'étant pas un paramètre connu avec grande
précision, on procède statistiquement sur l'échantillon
complet des naines blanches observées. dans un premier temps,
on analyse l'âge des naines blanches en fonction de leur luminosité.
L'âge correspondant à la luminosité au-delà
de laquelle on ne trouve plus de naine blanche est l'âge de la
Galaxie, ou plutôt du disque galactique. Cette datation fut réalisée
pour la première fois en 1988 par Jim Liebert et ses collègues
de l'Observatoire Flagstaff. Observant toutes les naines blanches dans
un rayon de quelques années-lumière autour du Soleil,
ceux-ci s'apperçurent qu'il n'y avait presque plus de naines
blanches au-delà de 10^-1,5 (dix à la puissance -1,5)
luminosité solaire.
Comment déterminer de manière
précise l'âge correspondant à cette luminosité?
En calculant ce que l'on nomme une fonction de luminosité théorique
(la répartition du nombre de naines blanches en fonction de leur
luminosité qui résulte de l'évolution d'une population
d'étoiles représentatives du voisinage solaire) et en
la comparant à la fonction de luminosité observée.
Le meilleur accord entre le calcul théorique et l'observation
indique un âge pour notre disque galactique compris entre 9 et
11 milliards d'années.
A certains stades de leur refroidissement, les naines blanches sont
variables. C'est une chance pour l'astronome qui peut alors étudier
leur structure interne : de la même façon que les tremblements
de terre révèlent la structure terrestre, les vibrations
des étoiles révèlent leur structure. Si beaucoup
d'informations sur la structure des naines blanches résultent
de ces mesures d'astérosismologie effectuées par des réseaux
au sol, les astonomes attendent beaucoup des satellites dédiés
à l'observation des pulsations des étoiles, comme le satellite
Corot, qui sera lancé en 2004 qui devrait être suivi
par le satellite Européen Eddigton.